Ce matin, nous nous donnons rendez-vous à 6h40 à la gare de Gedinne, fiers et courageux, pour remercier les navetteurs et leur offrir les chocolats de la Saint-Valentrain, l’action annuelle d’Ecolo.
Arrivés sur place, quelques héros nous apparaissent, bien plus valeureux que nous ! Mais qu’est-ce que tu racontes ? Quels héros ? Eh bien, quelques voyageurs qui attendent le train de… 5h58 ! Évidemment, cela fait bientôt une heure qu’ils patientent dans le froid, faisant les cent pas sur ces quais désertés depuis de nombreuses années par la SNCB !
Tout à coup, une voix féminine résonne, venant de nulle part, au milieu de la pénombre du petit matin : le train en retard est annoncé ! Il est 6h50. Nos héros peuvent enfin embarquer dans le train vers Dinant. Ouf.
Quelques instants plus tard, le train de 6h50 est, annoncé avec un retard de 6 minutes. Et puis le voilà qui s’arrête, or plus personne n’est à embarquer, il repart et nous le regardons s’éloigner lentement. Tout à coup, la voix résonne à nouveau: le train de 6h50 en retard entre en gare voie 1.
Heu… et bien Madame, comment vous dire… et bien il vient de partir !
Soyons de bon compte, le train de 7h02 vers Libramont est à l’heure et emporte quelques étudiants.
En voilà trois, à quelle heure déjà le suivant ? Ah, dilemme, les affiches sur le quai nous disent qu’il n’y a plus rien d’ici une heure, tandis que b-rail nous en annonce un dans quelques minutes… mais plus aucun convoi ne passera, hormis un train de marchandises.
Le quai est désert, la seule présence de la SNCB trône sur le côté : la
« machine à ticket » ! Un bel outil, pratique… sauf pour les personnes qui n’ont pas été habituées à converser avec une boîte à boutons électroniques !
Bon, ben, un p’tit café nous ferait le plus grand bien ; nous voici dans un établissement tout proche. Notre action semble terminée pour ce matin, nous comptons les chocolats restant, quand de nouveaux témoignages tout aussi éloquents nous sont exposés !
Une dame de Vonêche se rend en bus à la gare de Beauraing pour prendre le train vers Dinant. Quand elle prend ce bus, elle arrive 5 minutes… après le départ du train, et elle doit alors attendre deux heures ! Sa solution du jour ? Prendre un bus vers Gedinne (heu, pour les distraits, c’est dans le sens opposé !), – qui n’est pas censé s’arrêter à la gare, mais bon aujourd’hui il y avait de l’entraide dans l’air – pour y monter dans le train vers Dinant ! Son trajet d’aujourd’hui la conduira (nous l’espérons) à bon port avec au moins une demi-heure de retard !
Les correspondances avec les TEC restent problématiques dans une zone rurale comme la nôtre. Cette même dame s’est étonnée de voir que les nouveaux horaires des TEC n’étaient pas affichés dans les arrêts. Normal, lui a-t-on répondu, c’est pour faire des économies ! Allez voir sur Internet. Mais oui, mais c’est bien-sûr, mais à Vonêche (comme dans beaucoup de villages), la connexion Internet n’est pas accessible ! Un employé des TEC lui a gentiment imprimé les horaires de ses bus, mais bon, faudrait pas exagérer non plus, hein !
Notre hôte nous expliquera aussi que beaucoup de voyageurs du week-end descendent à Gedinne parce que les informations renseignées sur les sites précisent que des bus partent de la gare vers les villages de la Semois… Ah bon ? Déception chaque week-end, pas de bus à l’horizon.
Voilà un petit compte-rendu des événements de ce matin. Nous sommes restés environ 1h30, sur les quais d’une (ancienne) petite gare en zone rurale. Et nous imaginons que des « 1h30 » comme ça, il y en a beaucoup… un peu partout… et trop souvent, surtout depuis les changements d’horaires de décembre !
Nous sommes revenus accueillir les voyageurs chanceux du soir : leurs trains n’ont cette fois, eu que quelques minutes de retard ! Ce fut comme d’habitude, le défilé de voitures qui, faute de transports en commun adaptés pour regagner Gedinne centre et les villages des entités, venaient chercher les aventuriers du rail.
Nous avons rencontré un usager venant de Willerzie. Il est plutôt content des nouveaux horaires qui lui permettent de rejoindre Namur sans changer de train à Dinant, mais il doit se débrouiller pour venir jusqu’à la gare en voiture ou à vélo puisqu’il n’y a pas de bus. Par contre, quand il embarque son vélo pliable dans le train, c’est 5€ de supplément ! Un incitant ?! Il y avait aussi nettement moins de voyageurs que les autres années aux mêmes heures… et nous comprendrons aisément que d’autres navetteurs se découragent dans les prochains mois ! Chanson connue, les responsables pourront alors facilement supprimer des trains et des gares aussi peu fréquentés. CQFD. Vous avez dit « Citoyens de seconde zone » ? Pour eux, c’est chaque matin ! Alors, nous n’avons qu’un seul mot : Respect !
Pour nous, c’était un matin de Saint-Valentrain.