Ce jeudi 7 novembre avait lieu le dernier Conseil communal à Gedinne.
Parmi les points à l’ordre du jour se trouvaient une série d’impôts, taxes et autres redevances, qui étaient pour la plupart proposés à l’augmentation.
Voter des taxes et impôts, ce n’est jamais facile : pour une majorité en place, bien évidemment, et encore plus pour une minorité, dans « l’opposition ».
Pour rappel, nous sommes 3 groupes dans la minorité (« Aux 12 GediOui », « Horizon 2018 », et notre groupe « Ecolo & Mobilisation Citoyenne »), et au nombre de 6 élus… face à une majorité de 9 élus, qui mène donc la commune comme bon lui semble, puisqu’elle est largement majoritaire (même score qu’à la législature précédente, mais présence au Conseil communal renforcée d’un siège par la loi d’Hondt, comme déjà expliqué précédemment).
La position la plus courante de la minorité face à l’augmentation de taxes et impôts proposée par la majorité, est au minimum l’abstention, mais en général le vote négatif, pur et simple. Nous avons pour notre part décidé de nous comporter autrement, et d’étudier au cas par cas les augmentations proposées. Nous nous sommes dès lors abstenus pour certaines augmentations proposées : par exemple les augmentations d’impôts (augmentation de l’IPP – Impôts sur les Personnes Physiques – et augmentation du Précompte Immobilier) ou d’autres taxes estimées injustifiées ou déraisonnables (comme la nouvelle taxe sur la modification de prénom). Nous avons par contre voté positivement pour l’augmentation de certaines autres taxes et redevances.
Quand la maison est en feu… on commence par éteindre l’incendie !
Pourquoi avoir voté positivement certaines taxes et redevances ? Pour plusieurs raisons.
1) D’abord, parce que l’augmentation de certaines taxes ou redevances est simplement liée à l’évolution normale de celles-ci, à leur mode de calcul ou à la « matière » concernée, ou simplement à l’évolution du coût de la vie et des services (comme l’augmentation des frais de fonctionnement de l’abattoir, par exemple). Le prix de la collecte des déchets ou le prix de l’eau sont soumis à des calculs de « coût vérité », dont la commune n’est d’ailleurs pas nécessairement « maître ». Nous regrettons bien sûr l’augmentation de ces coûts, et c’est pourquoi nous encourageons tant la commune que les citoyens à économiser l’eau potable – par exemple en installant des citernes d’eau de pluie, pour les usages non-potables de l’eau, comme les chasses d’eau, l’arrosage des jardins ou le nettoyage des véhicules… – qu’à trier leurs déchets et se rendre au parc à conteneurs (si cela ne fait pas diminuer le coût au kilo du ramassage … le tri des déchets et l’installation d’un « compost » permettent par contre de diminuer drastiquement la quantité de déchets résiduels que l’on produit… et dont on paie le ramassage !).
2) Ensuite parce que certaines taxes et redevances n’avaient plus été augmentées depuis bien longtemps, et qu’il nous semblait raisonnable de « mettre à jour » !
Une commune fournit une quantité de services aux citoyens, de manière directe ou indirecte. A travers sa « gestion courante », comme l’entretien des voiries, communales, des infrastructures, des bâtiments (communaux, écoles, salles des fêtes,…) et du patrimoine communal (culturel, naturel,…) ; mais aussi à travers les « services à la population » : urbanisme, état-civil, service des eaux, enseignement, accueil temps libre,… Elle participe aussi au financement du CPAS. Tous ces services ont un coût et emploient du personnel communal, dont la charge des pensions est en perpétuelle augmentation, par exemple.
Pour son bon fonctionnement, une commune a donc besoin de revenus : la dotation fédérale est la base du budget de fonctionnement de nos communes. Par chance, notre commune bénéficie de revenus substantiels de l’exploitation de ses forêts – revenus en baisse de manière dramatique, nous en avons déjà parlé et en reparlerons prochainement -, mais elle tire aussi ses revenus d’impôts, taxes et redevances diverses.
Maintenant que la situation est beaucoup plus « tendue » du côté du budget communal, la majorité a décidé d’augmenter certaines de ces taxes et redevances.
3) Certaines augmentations de taxes et redevances ne touchent pas le citoyen gedinnois. L’augmentation de la taxe sur les secondes résidences ou les taxes de séjour relatives aux nuitées ou aux emplacements de camping n’ont pas de conséquences sur le portefeuille des Gedinnois. Il semble par ailleurs – d’après la majorité : à vérifier, donc ! – que les tarifs pratiqués à Gedinne étaient inférieurs à ceux pratiqués dans les communes limitrophes : il s’agirait là plutôt d’une forme de « rattrapage », de « mise à niveau ».
4) Et finalement, parce que nous avons été élus pour être responsables avant tout !
Depuis toujours, nous défendons l’idée d’une opposition constructive et responsable. Il est bien sûr plus facile ou « confortable » de s’opposer à toute augmentation de taxe et redevance : il « suffit » de voter négativement, ou de simplement s’abstenir ! C’est éventuellement l’occasion de se faire bien voir par la population, qui plus est ! Cela a t-il la moindre incidence sur le résultat des votes ? Aucunement : la majorité détient 9 sièges sur les 15 conseillers communaux, et vote de toute façon comme bon lui semble ! Il nous a semblé plus courageux et responsable d’étudier les augmentations proposées, point par point, d’interpeller la majorité sur la réelle nécessité de modifier le montant de l’une ou l’autre taxe ou redevance ; d’argumenter sur notre volonté de voir la commune mieux encourager le tri des déchets, l’utilisation de l’eau de pluie, le combat des incivilités (dépôts sauvages d’immondices) ; d’être plus attentive aux revenus les plus modestes et de ne pas pénaliser l’entrepreneuriat et l’activité économique de la commune.
La commune se trouve dans une situation financière préoccupante, et ce n’est pas nécessairement prêt de s’arranger. Vous vous en étonnez ? C’est que vous ne suivez pas régulièrement nos compte-rendus de Conseil communal ou notre journal local « Pas Piqué Des Verts » ! En effet, depuis 2011 nous suivons régulièrement la politique communale et vous informons des imperfections de la gestion de la commune, un peu trop « à la petite semaine » de notre point de vue.
La majorité est-elle responsable de la situation actuelle ? Non… et oui ! Non parce que l’évolution climatique provoque des dégâts dans nos forêts : chablis par grand vent, stress hydrique lors des étés trop chauds et trop secs, invasions des scolytes chez les épicéas, champignons et autres parasites qui s’attaquent aux feuillus… Si la commune n’est pas directement responsable de toutes ces avaries, elle est par contre responsable de la gestion de la forêt : s’acharner dans la – quasi – mono-culture intensive de l’épicéa témoigne d’un manque de prévision, d’un déficit de « vue à long terme ». Il faut un demi-siècle pour amener un épicéa à maturité et plus d’un siècle pour un feuillu. La majorité actuelle est dans sa troisième législature (13 ans) et n’est donc pas responsable de l’héritage du passé… mais n’a pas fait grand-chose depuis qu’elle gère la commune pour changer la donne ! Ce n’est pas faute de savoir qu’il est impératif de réagir, de toute urgence, en ayant une gestion plus diversifiée, pérenne et responsable de la forêt, de manière à assurer sa résilience et sa survie, et dans la foulée des revenus dont la commune a bien besoin pour son fonctionnement (1/4 à 1/3 du budget communal).
La majorité est par contre grandement responsable quand elle acquiert des bâtiments, réalise des travaux sans – même – demander de subsides, se paie le « luxe » d’un bassin didactique dont on s’inquiète du coût de fonctionnement… Elle engage pourtant alors la commune – et ses citoyens – pour de longues périodes de remboursement de prêt.
Nous l’avons rappelé à l’issue des votes sur ces points de taxes et redevances : si nous avons le sens des responsabilités en acceptant de soutenir certaines augmentations nécessaires de taxes et redevances (pour toutes les raisons expliquées précédemment), nous n’en attendons pas moins de l’équipe de Vincent Massinon dans les mois et années à venir. Il est grand temps de revenir à une gestion qui se projette dans l’avenir, qui soit ambitieuse sur les questions économiques et sociales, qui envisage la gestion de la forêt à une échéance de 50 à 100 ans, mais qui gère les deniers publics avec prévision de jours moins meilleurs… comme ceux que nous traversons actuellement.
Mobilisud : une solution de mobilité alternative pour tous les habitants de l’arrondissement de Dinant… refusée par la majorité comme par une partie de la minorité !
Le groupe Ecolo & Mobilisation Citoyenne présentait aussi lors du dernier Conseil communal la demande de Mobilisud de voir adhérer la commune de Gedinne.
Mobilisud, c’est une centrale d’appel créée en 2016, qui couvre l’arrondissement de Dinant. L’idée est d’offrir une solution de mobilité aux personnes de l’arrondissement qui ont besoin de se déplacer pour un rendez-vous ou une visite, n’importe où en Belgique ou en France voisine (pour le moment, ce service ne s’adresse qu’aux personnes à revenus modestes, mais à l’avenir n’importe qui pourra profiter des solutions de déplacement).
Alors que notre commune avait déjà réfuté l’idée de participer au projet précédemment, une nouvelle proposition de convention était proposée à l’ensemble des communes de notre région par Mobilisud, convention que nous avons proposé de mettre à l’ordre du jour du Conseil communal de ce jeudi.
En effet, outre les solutions de mobilité proposées et organisées par Mobilisud, d’autres services comme une formation à l’auto-école à un tarif réduit (pour les personnes émargeant au CPAS ou au FOREM) ainsi que, dans le futur, du covoiturage ou des offres de mobilité douce (vélo, vélo électrique), sont proposés par Mobilisud ; tout cela pour une participation de 50 cents par habitant (2.281,50 € par an) à charge de notre commune. Ces solutions nous semblent adéquates pour nos communes enclavées, où l’offre des transports en commun ne répond pas toujours aux nécessités, et où chacun ne possède ni son propre véhicule ni même un permis de conduire.
Si des solutions existent bel et bien sur notre commune, organisées entre autres par le CPAS ; l’offre de Mobilisud dépasse de loin le territoire de Gedinne et de l’arrondissement de Dinant, et un numéro vert à l’échelle de la Wallonie devrait bientôt voir le jour, qui permettra aux citoyens de profiter de toutes ces offres « fédérées » à travers l’appel d’un seul et même numéro de téléphone gratuit.
Malheureusement, ni la majorité ni le groupe des « 12 » n’a soutenu notre proposition.
Il va sans dire que nous regrettons la difficulté de certain.e.s à se projeter dans un avenir et un territoire plus « large » que celui de notre commune, afin de permettre l’accès pour un montant très démocratique à des solutions de mobilité dont certains d’entre nous ont pourtant bien besoin.
D’autres points d’importance à l’ordre du jour
La majorité a proposé l’acquisition du bâtiment de la poste, pour un montant de 185.000 € (après négociation avec Bpost). Si aucun business plan n’a été communiqué par la majorité (cet outil de gestion semble définitivement inconnu dans notre commune !?!) qui prouverait l’opération blanche que consisterait cet investissement, la majorité avance l’idée que le remboursement du prêt contracté serait couvert par la location du bureau Bpost (à priori pour encore au moins 9 ans : bonne nouvelle !) ainsi que par l’appartement du premier étage. Une autre partie du bâtiment permettrait l’extension de l’école primaire ainsi que l’agrandissement du préau. Bonne nouvelle donc… à priori ! Nous avons décidé de soutenir cette acquisition… mais espérons obtenir des chiffres plus sérieux sur cet investissement, ses coûts et sa rentabilité, dans le futur.
Le financement de l’atelier de découpe (développé par le GAL Ardenne Méridionale), contigu à l’abattoir, était aussi à l’ordre du jour. La commune devra s’acquitter de sa participation de 35.114,08 € en juin 2022, mais le jeu en vaut la chandelle. Nous avons aussi soutenu cet investissement réparti entre toutes les 9 communes du GAL.