Face à une situation financière interpellante, la majorité propose un budget qui ne prend pas la mesure des différentes crises.

Le mois de juillet aura donc commencé pour les élus communaux par un Conseil communal avec 10 points à l’ordre du jour, dont 2 conséquents : les Comptes 2019 et la 1ère Modification Budgétaire 2020.
Au fil des éditions, les Comptes sont accompagnés d’une Synthèse analytique, qui reprenait cette année en 34 pages une analyse très complète de la situation communale depuis 2016, sous forme de tableaux et autres graphiques. Alors que les comptes – et encore plus un budget – peuvent parfois être une traduction « politique » de la situation économique d’une commune, et parfois s’apparenter à un minutieux travail de « tuyauterie » ; les documents, tableaux et graphiques ici proposés sont une froide analyse chiffrée de l’évolution budgétaire de la politique communale, mise en perspective sur les 4 derniers exercices (nous invitons d’ailleurs les plus intéressés et curieux d’entre vous à consulter cette Synthèse analytique des comptes 2019 : elle est extrêmement instructive).
Que nous raconte l’analyse de ce document ? En quoi nous informe-t-elle de la situation et de la gestion communale, mise en perspective sur les 4 dernières années ? Elle confirme plusieurs choses que nous expliquons depuis déjà longtemps, bien avant que nous soyons élus, mais déjà bien présents en Conseil communal comme spectateurs.
1) Notre commune est gérée sans vision à long terme : les chiffres le démontrent à foison. Aucun enseignement n’est tiré du passé, et aucune « projection » sur l’avenir n’est anticipée. Les dossiers et secteurs qui nécessiteraient une vison à long terme ne manquent pourtant pas dans notre commune : cela va de la gestion de la forêt (un « cycle » forestier est idéalement de 50-150 ans pour les épicéas – minimum 30 ans – et de 120-180 ans pour les feuillus) à la gestion du parc immobilier (dont les acquisitions récentes : lycée, poste,… mais aussi les infrastructures sportives… dont le bassin didactique, pour lequel le citoyen gedinnois « paie » depuis un moment déjà… et qui n’est toujours pas en activité !), en passant évidemment par les voiries, les ressources, la distribution de l’eau, etc.
2) La situation économique de notre commune est alarmante… depuis plusieurs années ! Il n’aura donc pas fallu attendre l’invasion des scolytes dans le parc forestier communal (et privé, bien évidemment) ou la crise du Covid-19 pour que la gestion budgétaire de la commune soit mise à mal ! Si la « tuyauterie » budgétaire dont nous parlions précédemment permet de « masquer » le déficit communal (entre autres à grands renforts d’utilisation des Fonds de réserve), la froide analyse des chiffres des Comptes montre pourtant bien la lente, progressive et continue diminution des marges disponibles. Un signe nous alerte depuis longtemps : l’augmentation systématique du montant du budget, année après année. Si l’on pourrait croire que cette augmentation traduit une augmentation des ressources (recettes) disponibles pour la commune, elle traduit bien au contraire une augmentation des dépenses de celle-ci !
La commune continue d’avoir un « train de vie » au-dessus de ses moyens, et la majorité engage même régulièrement celle-ci dans une augmentation de ses frais structurels à long terme. Si les acquisitions et investissements de la précédente législature ont parfois eu pour but d’augmenter les services à la population – ce dont nous pourrions plutôt nous réjouir -, elles engagent néanmoins durablement la commune dans une augmentation de ses frais fixes de gestion courante. A plusieurs reprises, nous avons proposé des aménagements « rentables » des infrastructures acquises par la commune. Nos projets de transformation de l’ancien lycée ou plus récemment de la gare comportaient chaque fois un volet « activité économique ». Ils proposaient la mise en place de structures et d’outils qui répondaient à une nécessité ou une opportunité territoriale, par exemple, le développement au lycée d’un espace polyvalent pouvant : organiser un marché des producteurs locaux toute l’année ; permettre l’accueil de groupes – type « team building -, de modules de formation, d’évènements exceptionnels – foires, exposition, conférence… ; permettre aussi le développement d’une – ou plusieurs – activités économiques, producteurs – à long terme – d’une augmentation de richesse pour la commune.
3) Notre soutien à l’extension de la ZAE va évidemment dans le même sens. C’est malheureusement le chemin inverse dans lequel ne cesse de s’enliser la majorité communale, avec des conséquences qui s’annoncent inquiétantes pour l’avenir (si le bassin didactique « traîne » à démarrer… ce n’est pas uniquement pour des questions de retard de chantier : son fonctionnement produira à son tour une charge difficilement supportable pour notre modeste commune. Si l’intention est louable – offrir à nos enfants une infrastructure de proximité pour leur apprendre à nager -, aucun business plan n’a jamais été élaboré afin d’anticiper la charge récurrente de la gestion d’une telle infrastructure pour notre commune et ses habitants).

Ce qui ne nous rassure aucunement, c’est que la majorité – bourgmestre en tête – ne fait aucun cas de la Synthèse analytique qui accompagne les Comptes, alors qu’elle est source d’enseignement sur la politique menée les dernières années (le document ne remonte « malheureusement » que jusqu’à 2016), et qu’elle est un bon indicateur des mesures à prendre pour redresser la barre vers l’avenir ! Mais l’avenir, justement, c’est une chose que la majorité a toujours eu du mal à envisager… même si « gouverner c’est prévoir », ce que nous ne cessons de répéter depuis bientôt 10 ans !

En ce qui concerne la 1ère Modification Budgétaire de 2020, la situation n’est pas moins alarmante, qu’il s’agisse du budget ordinaire (qui recouvre, en gros, le fonctionnement quotidien de la commune) ou du budget extraordinaire (en résumé : l’évolution « patrimoniale » de la commune). Quelle est l’utilité d’une modification budgétaire ? Principalement, de « resynchroniser » le budget (traditionnellement présenté en décembre pour l’année qui suit) avec l’évolution et la réalité « effective » du fonctionnement de la commune. S’il est en général nécessaire d’effectuer 1 voire 2 modifications budgétaires en cours d’exercice, notre commune a tendance à en effectuer – parfois – plusieurs au cours de l’année… ce qui n’est pas toujours une bonne nouvelle… et témoigne souvent de son manque d’anticipation dans le budget initial… ou d’une volonté de « cacher » ou « retarder » certaines charges, afin de les « dévoiler » en cours d’année (typiquement une sous-estimation de la perte liée à la vente de bois suite à l’invasion de scolytes, ou les charges liées à l’ouverture du bassin didactique, systématiquement postposée). Mais la modification budgétaire est un outil nécessaire, entre autres pour mettre au budget certaines dépenses – et recettes -… au moment où elles interviennent réellement (ou en tout cas au moment où celles-ci sont « engagées », et ont une conséquence sur le budget de la commune).
Si la modification budgétaire à l’ordinaire semblait cette fois totalement justifiée et raisonnable (elle tient entre autres comptes des premières conséquences de la période Covid-19), elle n’anticipe malheureusement pas encore – suffisamment – la « courbe rentrante » qu’il est grand temps d’envisager. En effet, comme expliqué précédemment, notre commune vit au-dessus de ses moyens, depuis plusieurs années déjà. Deux solutions à cela : augmenter les recettes… ou diminuer les charges ! Nous serions prioritairement pour que la commune augmente ses recettes ! S’il était évidemment impossible de prévoir l’apparition du Covid-19, l’épisode des scolytes et les autres dégâts récurrents dont souffrent nos forêts ne sont pas totalement indépendants des choix de sa gestion (nous défendons de longue date une gestion plus « résiliente » et diversifiée de nos forêts, afin que chablis, parasites et autres stress climatiques ne provoquent plus autant de dégâts à l’avenir, afin que le budget communal soit moins « fragilisé » et dépendant de ces événements). Nous encourageons la commune à diriger une part de ses investissements vers des infrastructures et aménagements à même d’accueillir et développer l’activité économique, avec pour conséquence d’augmenter – à long terme – ses recettes.
Comme notre commune n’a pas augmenté ses sources de recettes, que celles-ci sont au contraire en nette diminution (de l’ordre de 550.000 €), il est malheureusement nécessaire d’envisager une réduction de ses charges… surtout en anticipant l’année qui nous attend, durant laquelle les conséquence du Covid-19 se feront sentir, possiblement par une augmentation des transferts (entre autres vers le CPAS) et une diminution des revenus (taxes et redevances)… sans compter les conséquences des scolytes qui n’auront pas encore fini de produire leurs effets dévastateurs ! Il nous aurait semblé responsable de déjà anticiper l’année 2021 à venir, donc, dans cette modification budgétaire à l’ordinaire ; ce qui n’est malheureusement pas le cas.

La modification budgétaire à l’extraordinaire fait par contre passer le budget à l’extraordinaire de 4.142.468,29 € à 5.997.022,27 € ! Si une part de cette importante augmentation est justifiée par la « mise en route » de chantiers prévus parfois de longue date, un dossier nous met particulièrement mal à l’aise : celui de l’extension et modernisation de la maison communale. Si le montant d’un million déjà précédemment annoncé nous semblait pharaonique, celui-ci subit une majoration de 10% pour passer à 1.100.000 € dans la modification budgétaire !
Entendons-nous bien : nous sommes les fervents défenseurs du principe de « service à la population », et avons le plus grand respect pour le travail effectué par notre personnel communal, dans son ensemble. Nous sommes par ailleurs bien conscients que les infrastructures communales ont besoin d’être modernisées et adaptées aux nécessités de leur fonctionnement et de l’accueil de la population, ce qui passe probablement par une extension de l’actuelle maison communale. Mais c’est bien le montant alloué à cette modernisation qui nous semble démesuré, et franchement indécent !
Nous n’avons cessé de le démontrer dans ce compte rendu : d’une part la situation financière de notre commune est alarmante, et par ailleurs l’année en cours et celles à venir annoncent déjà leurs lots de déconfitures ! La population dans son ensemble – et a fortiori les secteurs d’activité touchés par la période Covid-19, dont nous ne connaissons pas encore l’évolution pour les mois à venir – va avoir besoin de soutien, d’encouragement, de réconfort… ce qui nécessitera des interventions de la commune, structurelles mais aussi probablement financières. Des taux d’intérêt historiquement bas ne suffisent pas à excuser le montant inexplicable qui sera investi dans cette modernisation de la maison communale, d’autant plus que la capacité d’emprunt de la commune diminue année après année et que la charge des emprunts, elle, ne cesse d’augmenter.

Quand nous interpellions la majorité communale – à plusieurs reprises depuis bientôt deux ans – sur les effets des scolytes sur le budget communal, nous avions souvent le sentiment d’être face à des lapins pris dans les phares d’une voiture, paralysés par ceux-ci… Ici c’est l’inverse, nous avons l’impression que la majorité se trouve au volant du bolide qui fonce, à tombeau ouvert, pour prochainement se fracasser sur le mur… ou écraser les lapins, qui sait ?!?

En guise de conclusion aux débats sur les points relatifs aux comptes et budgets, le bourgmestre nous a demandé de lui indiquer comment et sur quels postes intervenir pour juguler l’hémorragie budgétaire. Chiche, Monsieur le Bourgmestre : nous sommes à votre entière disposition pour discuter ensemble, de manière adulte et responsable, de la mise sur pied du budget 2021. Quand organisez-vous une commission budget afin que nous nous mettions tous autour de la table : votre date sera la nôtre !

Quelques autres points à l’ordre du jour

D’autres points ont été abordés lors de ce Conseil communal, dont les Comptes 2019 du CPAS. Après une explication très claire de la part de la Présidente, les comptes ont fait l’objet d’une approbation à l’unanimité.

Le cahier des charges pour les travaux de transformation du bâtiment abritant pour l’instant la Maison de l’Emploi a été approuvé également à l’unanimité. Ce bâtiment sera aménagé pour offrir plusieurs classes et locaux supplémentaires pour l’école communale adjacente. Un « bol d’air » pour cette structure, souvent à l’étroit dans les locaux actuels.

Quelques questions d’actualité ont clôturé cette séance. Il semble que l’appel d’offres pour la réhabilitation du Village de Vacances de Vencimont n’ait rencontré qu’un faible intérêt. La commune est en contact avec le BEP – chargé du suivi de ce dossier – pour une analyse de la situation.

Nous avons réinterrogé le bourgmestre sur l’opportunité de réunir une commission communale pour aborder les besoins – et pistes d’aides – liés aux conséquences du Covid-19 pour les habitants et indépendants de la commune ; mais notre requête a été – une fois de plus – balayée d’un revers de la main. Il semblerait qu’aucune demande ne soit remontée jusqu’aux oreilles du bourgmestre, donc la majorité estime inutile de se pencher sur le sujet ! Dont acte.
Ces deux derniers Conseils communaux, faisant suite à la crise du Covid-19, nous ont une fois de plus démontré que la majorité n’avait que faire de nos propositions, aussi constructives et au service de la population soient-elles. Nous poursuivrons malgré tout notre travail d’opposition constructive, qui fait la marque de fabrique des Ecolos. Dans certaines communes, la majorité est conciliante et tient compte de notre créativité, et dans d’autres… beaucoup moins 😉